La poésie pourrait bien être, en fin de compte, de tous les arts, le plus inavouable; je pense que, pour beaucoup, elle n'est pas autre chose qu'un alibi, une sorte d'expédient pour se maintenir en porte à faux entre deux échelons de la vie sous toutes ses formes – sociale, sentimentale, matérielle. La vie a gagner – par la poésie, on ne la gagne pas, ce n'est donc pas un métier. La vie politique – on sait quel piteux ménage la politique et la poésie ont toujours fait. Quant aux sentiments, c'est la le pire écueil, il s'agit de les exploiter sans glisser dans le honteux travers d'étaler sans pudeur les plus intimes, sans exhiber ses plaies, ni non plus les truquer et trop habilement tirer parti de ses faiblesses. Il s'agit enfin de se sauver sans se perdre – bref, il s'agit de vivre a coté – c'est bien ce que je disais.
L'art et la poésie ne sont là que pour puiser dans la nature ce que la nature ne fait pas. La poésie est dans ce qui n'est pas. Dans ce qui nous manque. Dans ce que nous voudrions qui fût. Elle est en nous à cause de ce que nous ne sommes pas. De ce que nous voudrions être. D'où nous voudrions être et où nous ne sommes pas.
Au contact du réel, la poésie s'évanouit comme un fantôme au grand jour.
Le réel est, par sa présence, tueur de poésie – par son absence, source de poésie. La poésie, c'est le bouche - abîme du réel désiré qui manque.
L'art et la poésie ne sont là que pour puiser dans la nature ce que la nature ne fait pas. La poésie est dans ce qui n'est pas. Dans ce qui nous manque. Dans ce que nous voudrions qui fût. Elle est en nous à cause de ce que nous ne sommes pas. De ce que nous voudrions être. D'où nous voudrions être et où nous ne sommes pas.
Au contact du réel, la poésie s'évanouit comme un fantôme au grand jour.
Le réel est, par sa présence, tueur de poésie – par son absence, source de poésie. La poésie, c'est le bouche - abîme du réel désiré qui manque.
(Pierre Reverdy, En Vrac)
Pierre Reverdy by Brassaï (Halász Gyula, 1899-1984)
Pierre Reverdy: Erről-arról
Valamennyi művészet közt végül is alighanem a költészet a legbevallhatatlanabb; azt hiszem, sokak számára puszta alibi, ügyeskedő mód arra, hogy társadalmilag, érzelmileg, anyagilag fönntartsák magukat. Ami a megélhetést illeti - a költészetből nem lehet megélni, tehát a költészet nem mesterség. A politikát illetőleg - tudjuk, milyen szánalmas volt mindig is a politika és a költészet házassága. Az érzelmeket tekintve pedig - (itt volt a legkínosabb nehézség): kihasználni az érzelmeket, anélkül, hogy a legbensőbbek szégyenletes kitálalására vetemednénk, sebeinkkel hivalkodnánk vagy éppenséggel álsebekkel szélhámoskodnánk, és túl könnyedén kamatoztatnánk a gyöngeségeinket. Egyszóval megmenteni, anélkül, hogy kockáztatnánk a bőrünket - lapítva élni - erről van szó.
A művészet és a költészet azért van, hogy a természetből merítse, amit a természet nem hoz létre.
A költészet abban van, ami nincs. Ami hiányzik. Amiről szeretnénk, ha lenne. Annak folytán van bennünk, ami nem vagyunk. Annak folytán, ami szeretnénk lenni. Ahol lenni szeretnénk, és ahol nem vagyunk.
Ha a valóval érintkezik, a költészet elenyészik, mint kísértet a napvilágon.
A való, jelenlétével gyilkosa - távollétével forrása a költészetnek. A költészet szakadékszája a hiányzó valónak, amire vágyunk.
Rónay György fordítása
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In: A líra ma, Vallomások, esszék, Gondolat, Budapest, 1968
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